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La santé des chercheur d’emploi, enjeu de santé publique

Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC) publie aujourd’hui son rapport « La santé des chercheur d’emploi, enjeu de santé publique » pour alerter sur une réalité peu connue et souvent ignorée : le chômage nuit à la santé. L’association interpelle les responsables politiques et les acteurs de santé sur cet enjeu social et humain et appelle à la mise en place d’un « écosystème » soutenant et durable afin d’améliorer la prise en charge de la santé des personnes au chômage.

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Le chômage nuit à la santé

Les chercheurs d’emploi sont deux fois plus nombreux que les salariés ayant un emploi stable à estimer que leur état de santé n’est pas satisfaisant. Pierre Meneton, chercheur à l’INSERM, extrapolant les résultats de son étude de 2015, propose un ordre de grandeur de 10 000 à 14 000 décès « imputables » chaque année au chômage. Cette surmortalité parait liée à des maladies, notamment à des pathologies cardiovasculaires plus fréquentes chez les chercheurs d’emploi, aux conséquences de comportements addictifs apparus après la perte d’emploi ou à des suicides. Le chômage impacte également négativement les habitudes de vie, les addictions, les comportements à risque et l’activité physique des personnes qui le vivent, constituant autant de sur-risque pour leur santé. Par ailleurs, l’ensemble des recherches réalisées en psychologie indique que le chômage est vécu comme une épreuve qui s’accompagne de stress, d’anxiété et de déprime mais également d’un profond sentiment de honte et de culpabilité. En cela, l’expérience du chômage constitue souvent un véritable traumatisme.

Un renoncement aux soins plus important que les actifs occupés

En dépit de ces fragilités, les personnes au chômage renoncent davantage aux soins que les actifs occupés, notamment pour des raisons financières (40% des actifs en recherche d’emploi renoncent à au moins un soin contre 24% des actifs en emploi1). Ces personnes bénéficient en effet, d’une moins bonne protection complémentaire que les autres populations et les complémentaires souscrites sont moins favorables pour le remboursement des lunettes, des appareils auditifs et des prothèses dentaires. Par ailleurs, l’éloignement de l’offre de soins, le manque d’information sur le remboursement, voire la crainte d’être pénalisé dans sa recherche d’emploi en cas d’arrêt constituent des facteurs de renoncement supplémentaires de même que les facteurs sociaux (méconnaissance des droits sociaux) et psychologiques (moindre priorisation des problèmes de santé dans une situation sociale instable, négligence de l’écoute de son corps dans un contexte de restriction des besoins).

Améliorer la prise en charge de la santé des personnes au chômage

Face à la sous-estimation collective du problème et aux limites des solutions actuelles, SNC appelle à la mise en place d’un « écosystème » soutenant et durable afin d’améliorer la prise en charge de la santé des personnes au chômage. Pour cela, SNC formule cinq axes d’actions à déployer :

  • Organiser une « conférence de consensus » sur un dispositif de soutien à la santé des chercheurs d’emploi avec toutes les parties prenantes.
  • Mieux informer les chercheurs d’emploi sur leurs droits en matière de santé. 
  • Améliorer la couverture complémentaire des chercheurs d’emploi.
  • Éviter l’isolement des chercheurs d’emploi grâce à la prise en compte de la dimension santé dans le cadre de l’accompagnement global.
  • Prendre en compte les aspects médicaux et psychologiques du chômage dans les pratiques professionnelles et les études.

Ces propositions ont été élaborées avec les chercheurs d’emploi, en réponse à leurs difficultés, mais aussi avec l’expertise des professionnels de santé et des acteurs de l’emploi. SNC espère qu’elles seront largement partagées et entendues dans le cadre des réformes en cours mais aussi qu’elles inspireront des changements d’ordre culturel, pour que la santé des personnes au chômage soit une question enfin considérée.

1 Nicolas Célant, Thierry Rochereau, Les rapports de l’IRDES n° 556, « Enquête sur la santé et la protection sociale 2012 », juin 2014 ; IRDES, Enquête santé et protection sociale (EHIS-ESPS) N° 556, « Enquête santé européenne », octobre 2017.