Le marché du travail en 2021 : regard de SNC sur la situation de l’emploi et du chômage en France
Alors que la pandémie de Covid-19 continue à perturber notre société dans son ensemble, sont diffusés des chiffres et des analyses sur le marché du travail qui sont souvent complexes, voire opaques. À l’occasion du 1er mai, journée internationale de lutte pour les droits des travailleurs – et des personnes privées d’emploi –, SNC publie un document qui fait le point sur l’évolution de la situation de l’emploi et du chômage en France, au cours des dernières années.
Une dualité du marché du travail qui a tendance à se renforcer
Si l’année 2020 a commencé à s’inscrire dans le prolongement d’une période plutôt favorable pour le marché du travail, elle a, dès le mois de mars, été bousculée par la pandémie de la Covid-19 et les mesures sanitaires qui en ont découlé. Depuis, sur le plan économique, c’est le virus qui donne le tempo. En termes d’emploi, les impacts sont différenciés selon les secteurs d’activité, les zones géographiques et l’âge des actifs – jeunes et seniors étant les plus fortement touchés. Par ailleurs, depuis plusieurs années, le monde du travail reste scindé en deux, entre actifs « flexibles » passant d’un emploi précaire à un autre et actifs « stables », installés durablement dans leur emploi : une tendance que la crise semble renforcer.
Une baisse du chômage en trompe-l’œil
Sur l’année 2020, l’INSEE a constaté une baisse de 50 000 du nombre de chômeurs, alors que l’emploi salarié diminuait de 284 000 emplois ! L’incohérence n’est qu’apparente. En effet, la baisse du nombre d’offres d’emploi engendrée par la crise a placé certains chercheurs d’emploi en grande difficulté, si bien que, nombre d’entre eux, découragés, ont abandonné leur recherche. Leur situation ne répondant plus à la définition du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT), ces personnes sont, du point de vue statistique, sorties du chômage et devenues des « inactifs ». On estime que 335 000 personnes ont basculé dans l’inactivité dont 55 000 dans ce que l’INSEE désigne par halo autour du chômage, les autres se trouvant réparties dans les autres catégories d’inactifs. Fin 2020, on dénombre ainsi 2 353 000 chômeurs au sens du BIT et 1 753 000 inactifs présents dans le halo autour du chômage. Il s’agit là de la situation la plus grave jamais rencontrée depuis l’après-guerre.
Face à l’incertitude, il est essentiel de maintenir la protection des plus précaires
Les mesures gouvernementales de sauvegarde de l’emploi sont venues atténuer les désordres économiques et sociaux et ont limité le choc. Cependant, dans un contexte économique incertain qui risque de se prolonger au-delà de 2021, il convient d’envisager une société plus solidaire en matière d’emploi, dans laquelle l’État, les entreprises, les corps intermédiaires et, à leur échelle, chaque citoyen-ne, puissent prendre part. Ainsi, la décision du gouvernement autorisant l’entrée en application de la règle la plus sévère de la réforme de l’assurance chômage portant sur le calcul des allocations, à compter du 1er juillet prochain, est totalement inappropriée. Les personnes précaires ou au chômage ont, plus que jamais, besoin de soutien pour éviter de subir une exclusion encore plus radicale.