Lise-Hélène : « L’indignation est un bon moteur pour agir. »
Installée à Paris, tout en accompagnant professionnellement des dirigeants d’entreprise, Lise-Hélène, 50 ans, s’est engagée en tant que bénévole à SNC.
Comment avez-vous connu SNC ?
J’ai connu SNC il y a très longtemps grâce au livre Le dit de la cymbalaire écrit par un bénéficiaire de SNC (Charles Merigot), qui est tombé dans une spirale qui l’a mené à la rue. Cette lecture m’a bouleversée. Quand on est pris dans son quotidien, on ne se rend pas compte de ce que vivent les gens à la rue. Je m’étais dit que, quand j’aurai plus de temps, je deviendrai bénévole pour SNC. À l’époque, j’avais une vie professionnelle intense, et puis mes enfants ont grandi. Quand je suis revenue vivre à Paris, je me suis dit qu’il était temps de m’impliquer pour plus de solidarité. Nous fonctionnons trop en silo. Je pense qu’on fait société quand on a la capacité d’aider des gens qu’on ne connaît pas. C’est pourquoi je suis devenue bénévole aux Restos du Cœur et à SNC au début de la pandémie.
Que vous apporte votre expérience de bénévole ?
Tout d’abord, on rencontre des personnes qu’on ne croiserait pas dans un autre contexte et qui sont dans une situation inconnue pour nous, une situation qui oblige à maintenir une posture très claire car les actions entreprises avec notre aide doivent toujours relever d’un choix pour elles. La différence, par rapport à d’autres types d’accompagnement, c’est l’état de dénuement et de détresse de ces personnes. Dans le cadre de mon métier, j’accompagne des personnes en difficulté professionnelle ou personnelle mais pas sociale. Et les options sont très différentes quand on ne sait pas si on va manger le lendemain. Aussi, il me faut être encore plus vigilante et délicate pour ne pas juger les situations que je ne connais pas. Mon action bénévole à SNC m’oblige également à regarder de plus près les politiques adressées aux personnes qui ont perdu leur emploi et à me poser des questions en tant que citoyenne. Venir en soutien à des personnes qu’on ne connaît pas relève finalement d’un engagement politique.
Quel message auriez-vous envie de transmettre aujourd’hui ?
Il y a une responsabilité à exercer quand on aide quelqu’un mais il y a aussi beaucoup de joie. En un an, j’ai déjà accompagné trois personnes et ces rencontres ont toujours été agréables, comme celles avec les autres bénévoles. Et, même si les confinements n’ont pas été des contextes facilitants, pour peu que les personnes ne soient pas trop atteintes par la fracture numérique, il a été possible de continuer les accompagnements à distance. J’ai été surprise de constater que certaines personnes n’avaient pas le réflexe de s’inscrire à Pôle emploi ou de demander de l’aide : la réalité est à l’opposé de l’image des chercheurs d’emploi brocardée par certains hommes politiques. Cela me met très en colère : l’indignation est une bonne façon de se mettre à agir.