Hind : « Si je suis la femme que je suis aujourd’hui, c’est grâce à SNC. »
Arrivée d’Algérie à l’âge de 20 ans, Hind a surmonté des obstacles pour se réinventer. Soutenue par un binôme de bénévoles SNC pendant près de 5 ans, elle a trouvé la force de changer de secteur et de trouver un emploi aligné avec ses valeurs. Aujourd’hui, elle est devenue bénévole pour accompagner à son tour d’autres personnes en difficulté.

Comment avez-vous connu SNC ?
Je suis arrivée à Marseille depuis l’Algérie à l’âge de 20 ans et j’ai vécu en situation irrégulière pendant 4 ans. Pendant cette période, je ne pouvais rien faire. Dès que ma situation a été régularisée, ma priorité a été de chercher un emploi, je voulais tellement travailler. Mais en possédant seulement un baccalauréat, cela s’est avéré difficile. On m’a conseillé de me tourner vers le secteur de l’aide à la personne. Je me suis dit que ce serait une bonne solution de transition... transition qui a duré 15 ans !
Je m’occupais de personnes âgées pour les aider dans leur quotidien. Je ne pouvais travailler qu’à mi-temps car je devais m’occuper de mes enfants. Le RSA complétait mon maigre revenu. Même si je ne me sentais pas pauvre, cette période a été marquée par une précarité et des difficultés financières importantes.
Avec ma famille, nous avons eu la chance de participer à des événements organisés par Habitat et Humanisme, association de lutte contre le mal logement qui organise aussi des événements pour les familles. Ces moments conviviaux avec d’autres familles nous apportaient un peu de répit. Certains bénévoles m’ont confié qu’ils me trouvaient chaleureuse, motivante, et à l’aise avec les autres familles et c’est pourquoi ils m’ont proposé de devenir bénévole. C’est ainsi que je me suis engagée pour organiser des vacances pour des familles en difficulté.
Cette expérience a été une révélation. Cela m’a permis de changer ma perception de moi-même. J’ai pu quitter psychologiquement l’idée que je ne pouvais rien faire d’autre que le ménage ou l’aide à la personne. C’est pendant cette période qu’un bénévole d’Habitat et Humanisme m’a parlé de Solidarités nouvelles face au chômage (SNC) et que j’ai contacté l’antenne de Marseille pour y voir plus clair.
Comment s’est déroulé votre accompagnement avec SNC ?
J’ai eu la chance de tomber sur un binôme extraordinaire. Nous n’avons pas tout de suite parlé d’emploi, ils ont pris le temps d’apprendre à me connaître : qui j’étais, mes envies, mes aspirations, et ce que je ne voulais plus faire. À ce moment-là, j’étais très perdue.
Je dois bien reconnaître que le format de l’accompagnement, informel et convivial dans un café, m’a assez surprise au départ. Cela changeait des processus administratifs habituels, souvent rigides et impersonnels.
Avec leur soutien, j’ai pris davantage conscience que je voulais travailler dans le tourisme. Ils m’ont aidé à trouver une formation en « conseiller vendeur en tourisme », qui a duré six mois. Cela m’a beaucoup plu, et j’ai enchaîné avec deux autres formations : l’une en « billetterie Amadeus » pour travailler dans des agences ou des aéroports, et une autre en « responsable d’établissement touristique ».
Tout au long de ces formations, le binôme SNC m’a soutenue. À chaque rendez-vous, comme une bonne élève, j’avais hâte de leur montrer mes résultats et mes réussites. Après ces formations, j’ai réalisé que certes je voulais travailler dans le domaine du tourisme, mais d’une manière qui soit en lien avec mes valeurs : un tourisme social.
Lors d’un déplacement à Lyon, j’ai découvert une association appelée Vacances et Familles. J’ai eu envie de travailler avec eux, mais ils n’étaient pas encore implantés dans le sud. Quand je leur en ai parlé, ils m’ont confié qu’ils souhaitaient justement s’y développer. Christian, l’un des bénévoles SNC, a pris l’initiative d’aller les rencontrer à Paris, pour appuyer mon profil, ma motivation et mon sérieux.
Qu’est-ce que cet accompagnement vous a apporté et où en êtes-vous aujourd’hui ?
Grâce à son intervention, un poste a été ouvert un an plus tard à Marseille, grâce à la création d’un emploi solidaire avec SNC : mon poste était co-financé par SNC et France Travail. Ils m’ont recrutée pour une année test, en tant que « Chargée de développement de la délégation sud ». En un an, j’ai trouvé un local au sein d’une autre association à Marseille, recruté 10 bénévoles, et nous avons pu organiser des vacances pour 38 familles. Avec de tels résultats, mon poste a été pérennisé et l’antenne maintenue. Nous espérons maintenant recruter davantage de salariés et de bénévoles.
L’accompagnement de SNC a été bien plus qu’un simple soutien méthodologique ou humain. Il a duré de 2017 à 2022 et chaque semaine, j’attendais avec impatience nos rendez-vous. Une anecdote me revient souvent : l’une des bénévoles me complimentait régulièrement sur ma tenue ou ma coiffure. Ces petits gestes, bien que simples, m’ont aidée à me sentir reconnue, valorisée, et à nouveau exister.
Quels messages aimeriez-vous transmettre aujourd’hui ?
Quelle chance que des associations comme SNC existent ! SNC m’a donné confiance en moi et m’a permis de reprendre ma vie en main. Si je suis devenue la femme que je suis aujourd’hui, c’est grâce à mon binôme qui ne m’a jamais lâchée. Ils m’ont soutenue et encouragée jusqu’au bout, me permettant de réaliser ce que je voulais faire de ma vie.
Depuis quelques semaines, j’ai rejoint SNC comme bénévole au sein du groupe de Marseille et j’en suis très fière. Je participe aux réunions mensuelles, et il me tarde d’accompagner d’autres personnes, pour rendre ce que l’on m’a donné. J’espère être à la hauteur. Merci encore pour tout !